Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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 Article 1/12 
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     CROIRE     
FEW II-2 credere
CROIRE, verbe
[ ]

A. -

Empl. intrans.

 

-

Celui qui croit follement follement lui en prend : [Le loup propose son aide à la truie qui va mettre bas ; celle-ci, connaissant les ruses du loup, refuse son aide] Et le loup s'en alla. Et la truye poussa son fruict, car, se elle le eust creu, elle eust faict une doulente portee, car celluy qui croit follement follement lui en prent. (MACHO, Esope R., c.1480, 97).

 

-

Ce n'est pas tout un croire et avoir : [Le loup propose à Renart de venir avec lui manger une chèvre qu'il a en vue] Lors luy dist Regnard : "Est ce tout ? Amis, se plus n'y a , je doubt Que vous n'en veniez mie a chief. Vous en ferez petit relief ["reste"] ; Et ce vous voeul faire sçavoir : N'est pas tout ung croire ["faire confiance à qqn"] et avoir. Je doubt de vous relief ne face ; Gardez que Chievre Loup n'efface, Car sens maistrie et fesble et fort." (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 25).

 

-

Qui légèrement croit, sa paix et sa joie en décroît : On ne puet riens savoir si proprement D'oïr dire comme on fait dou veoir ; Mais ce qu'on tient et voit tout clerement Doit on croire sans nulle doute avoir. Et qui legierement croit, Souvent sa pais et sa joie en descroit, Car maint meschié sont venu et norri De legier croire encontre son ami. (MACH., L. dames, 1377, 173).

 

Rem. Hassell 86, C347.

 

-

Qui légier croit, c'est grande folie : [La grenouille promet à la petite souris de lui faire traverser la rivière] La rayne lors, qui ne pensa qu'a honte, La souriette a liée de fis ["fils", pour l'attacher à son pied] ; En fleuve entra, la se plunge et affonde Pour la noier ; mais uns escoufles vis Les happa : la fut leur biere ; Barat toudis les barateurs conchie, Ces deux destruit faintis en douce chiere : Qui legier croit, certes c'est grant folie. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 88). Princes, chascun doit en soy regarder Se ce qu'il oit est vray, possible et cler, Et s'estre puet selon raison notoire, Ains qu'il doye son cuer determiner A croire faulx, ou trop fait a blamer : C'est grant peril de legierement croire. (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 48).

 

Rem. Cf. aussi Morawski 982 : Ge ne croy pas ce que je oy dire, mais ce que je voy.

B. -

Empl. trans.

 

-

Amour fait croire folie aux fous V. folie

 

-

Celui qui a le renom de mentir, on ne le croit pas quand il dit vrai V. mentir

 

-

Croire mauvais conseil peut causer mauvaise fin V. conseil

 

-

Celui qui moins en sait de l'Évangile, c'est celui qui plus y croit : Plus tost se poet dampner c'uns autres ne porroit, Car il scet l'escripture, et toute le conchoit ; Mais chius qui mains en scet, c'est chius qui miex i croit. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 202).

 

-

Fou ne croit pas jusqu'à ce qu'il prenne/ reçoive (des coups) V. fou

 

-

Il n'est nul qui croit sa femme sans qu'il n'en ait honte à la fin : Il n'est nul qui croye sa femme, Qu'il n'en ait en fin honte ou blasme. (C. Riffl., c.1480-1520, 61).

 

-

Nul n'a paix de coeur ni de conscience s'il veut croire le monde et l'aimer V. paix

 

-

On croit avoir (tout) gagné et on a (tout) perdu V. gagner

 

-

On doit croire ce qu'on voit et non pas ce qu'on entend : Et pour ce dit aussi le proverbe commun que on doit ce que on voit croire, et non pas ce que on oyt ["on doit faire confiance à ce qu'on voit et non à ce qu'on entend dire"] (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 180).

 

Rem. Hassell 86, C348.

 

-

On ne croit pas le menteur quand il dit la verité V. menteur

 

-

On ne doit point croire chacun : Gar toy de femme qui te fait Doulz semblant, et ami te nomme, C'est pour toy jouer d'un faulx trait : On ne doit pas croire a tout homme. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 85).

 

Rem. Morawski 2394 : Tut[es] choses ne sount a crere ; Hassell 86, C348.

 

-

Qui bien le jure, bien le croit V. juger

 

-

Qui sa femme ne croit en la fin s'en repent V. femme

 

-

[Point de vue opposé] Qui sa femme ne croit en la fin s'en repent V. femme

 

-

Pour néant quiert conseil qui ne le croit V. conseil

 

-

[Croire que...] Il ne faut pas croire que ce qui a d'or semblance soit de l'or V. or1

C. -

Empl. pronom. Fou qui se croit de son cuidier souvent déchoit V. déchoir

D. -

[Inf. subst.] Le croire légèrement fait décevoir et perdre mainte gent : Promesse m'a Folour fait commencer Et de mes biens faire vendicion, Si se fait bon sur ces poins aviser, Il n'y a tel com la possession ; Le croire legierement Fait decepvoir et perdre mainte gent ; A paroles jamais nul ne s'assente : On ne tient pas toudis ce qu'on convente. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 25).

 

Rem. Hassell 86, C347.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/12 
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     CROIRE     
FEW II-2 credere
CROIRE, verbe
[AND : creire ; DÉCT : croire ]

"Croire" : Aprés ces choses, ly provoire De la loy donnerent a croire Aux Rommains que les dieus estoyent Aÿrez contre eulx (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 255).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/12 
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     CROIRE     
FEW II-2 credere
CROIRE, verbe
[AND : creire ; DÉCT : croire ]

I. -

[Domaine de la certitude ou de la probabilité forte]

A. -

[Le compl. d'obj. désigne un fait, une chose] "Admettre comme réel, véritable"

 

1.

Croire + subst. ou pron.

 

a)

Croire + subst. : C'estoit [une résurrection miraculeuse effectuée par Jésus] une chose moult forte, Judas, et a croire tarrible. (Pass. Auv., 1477, 123).

 

b)

Croire + pron. pers. neutre/le : Pour se, s'il [Jésus] dit entre les saiges Qu'il est celluy [le Messie], je le croy bien ; Car de Messias ne lizons rien Que ce Jhesus n'aye tout fait. (Pass. Auv., 1477, 120). Tu es Dieu ; ainsi le veulx croire (Pass. Auv., 1477, 129).

 

-

[Avec idée de probabilité forte] Croire + pron./ce : Mes vous advés mal besoignhé, Quant vous l'advés cruxiffié, Et mal vous en prendré, se croy ! (Pass. Auv., 1477, 267).

 

2.

Croire que + complét.

 

a)

Croire que + complét. à l'ind. : Il fault donc croire seurement Que si je guaryz demoniacle, Qu'en moy est Dieu que fait miracle (Pass. Auv., 1477, 165).

 

b)

Croire que + complét. au cond. (irréel du prés.) : Si a tous autres qui ne l'ont Dieu son nom Avoit mis comme il a en nous, Je croy qu'il seroit maint preudom (Pass. Auv., 1477, 120).

 

c)

Croire que + complét. au subj. (la principale comportant un élément nég.), folie : Et par Dieu veés cy grant folie, Croire q'un fol homme Dieu soit, Qu'en la vertu Belzebut fait Tout ce qu'il fait. (Pass. Auv., 1477, 164).

 

-

[En tournure nég.] : Pour toy [Jésus] saulver, de la descent [de la croix], Si tu puis, ou je ne croy mie Que tu soyes rien plus puissant Que home de ceste companie ! (Pass. Auv., 1477, 218).

 

.

[Avec double nég., marquant la quasi-certitude] : Dieu des cieulx, je ne pouroyz croire Qu'il n'y aye quelque grant roche [qui m'empêche de remonter mon filet de pêche]. (Pass. Auv., 1477, 125).

 

3.

En incise : Cestuy [miracle] ne nous est pas permis, Car, come je voy, pouvons croire, Jhesus y veult monstrer sa gloire En luy donnant sancté parfaite. (Pass. Auv., 1477, 160).

 

-

Comme crois. "À ce que je crois, à mon avis" : Car filz de Dieu Il estoit, com croy, vrayement (Pass. Auv., 1477, 273).

B. -

[Le compl. d'obj. désigne une pers. ou une parole]

 

1.

[Le compl. d'obj. désigne une pers.] "Tenir qqn pour sincère, avoir la certitude qu'il dit la vérité"

 

-

En partic.

 

.

Croire (à) qqn. "S'en rapporter à qqn, avoir confiance en lui, accepter de suivre ses conseils" : Ma seur, si vous me voulés croire, Vous irés oÿr son sermon [de Jésus]. (Pass. Auv., 1477, 136). Loué soit Dieu que vous a pris ! Ma suer, si a moy volés croire, Vous muarés tous voz abis. (Pass. Auv., 1477, 138).

 

.

En croire qqn : Je yrey plus tost [querir la viande] qu'a l'offerende ! Sans jurer vous m'en pouvés croyre. (Pass. Auv., 1477, 90). Si m'en croyés, nous en irons, Nicodemus, mon bon amy. (Pass. Auv., 1477, 269).

 

2.

[Le compl. d'obj. désigne une parole] "Tenir pour conforme à la vérité"

 

a)

Empl. trans. dir. : J'ay veu merveilhes qu'il [Jésus] a fait, Et pour ce je croy ce qu'il dit. (Pass. Auv., 1477, 120). Croyés mes parolles et dicts Pour faire aux diables desfarde. (Pass. Auv., 1477, 125).

 

b)

Empl. trans. indir. : Homme vicieulx [Adam], Il voulsit mieulx - pour ton profit Perdre tes yeulx Faulx, envieulx, - que croire au dit De ce mauldit dampné [le Diable] (Pass. Auv., 1477, 246).

II. -

[Domaine de la certitude religieuse, de la foi]

A. -

Empl. trans. indir.

 

1.

Croire à qqn : O bon Jhesus, a qui je croy Par vraye foy, Treshumblement je t'en rens graces. (Pass. Auv., 1477, 131).

 

-

P. anal. Croire à Cerberus. "Croire au diable" : Jeunesse croyt a Cerberus (Pass. Auv., 1477, 117).

 

2.

Croire en qqn : ...je vouldroye, Qui que l'oye, En toy [Jésus] croire tout mon vivant. (Pass. Auv., 1477, 132).

 

-

Croire en qqn comme + attribut : En luy [Jésus] croyrons comme prophete (...) Si se peult [l. peut] ouster de la croix. (Pass. Auv., 1477, 211).

B. -

Empl. abs. "Avoir la foi" : Je ne scey coment elle [Marie-Madeleine] croit, Maiz elle plait a nostre maistre [Jésus]. (Pass. Auv., 1477, 155). Toutes choses sont trespossibles A celluy que croit. As tu foy ? [Réf. à Marc 9, 23] (Pass. Auv., 1477, 162).

 

-

[Sens incertain] "Faire confiance"

 

.

Ne (pas) croire. "Perdre confiance, être désemparé" : Mere [la Vierge Marie], monstrés Vostre saigesse Pour noz actrés, - car trop nous presse Vostre tristesse, Qu'ainsi veyons, Et nous mect ad ce - que ne creyons. (Pass. Auv., 1477, 240).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/12 
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     CROIRE     
FEW II-2 credere
CROIRE, verbe trans. et pronom.
[AND : creire ; DÉCT : croire ]

I. -

Empl. trans. "Croire qqc." : Et pour ce, est ce bien raisonnable chose de soy abandonner aus anciens et maismement a crere les paroles de nos anciens peres estre vraies (ORESME, C.M., c.1377, 274).

 

-

Au passif. [Suj. inanimé] : Car quant les paroles s'acordent as oeuvres il sont creües. (ORESME, E.A., c.1370, 497).

 

-

Croire que : Et si ne convient pas que un home accepte .I. autre pour ami jusques a tant ou avant que il leur appere a chascun de l'autre que il est a amer et que il croie que l'autre est son ami. (ORESME, E.A., c.1370, 420).

 

-

Empl. abs. "Croire à l'infaillibilité des vérités religieuses" : Item, nostre Sauveur par soy et par ses disciples et par les sains docteurs la nouz a plainement desclaree [ceste trinité de Dieu] en tant comme il souffist a croire pour nostre sauvement, et avec ce comment creature incorporelle est ymage de ceste divine trinité. (ORESME, C.M., c.1377, 56).

 

-

Loc. impers. Il est à croire que : Mes est a crerre que il les faisoit labourer selon l'enseignement de Saint Paul. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 84).

II. -

Empl. pronom.

 

-

Soi en croire à qqc. "S'en remettre à qqc." : Car il ont grant joie d'estre bons et ilz s'en croient au jugement de ceuls qui sont bons et sages et qui le dient. (ORESME, E.A., c.1370, 429).

 

-

Soi croire en qqn de qqc. "Avoir confiance en qqn à propos de qqc." : Item, il [les princes olygarchiques] ne se croient de rien en la multitude (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 235).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/12 
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     CROIRE     
FEW II-2 credere
CROIRE, verbe
[T-L : croire ; GD : croire ; AND : creire ; DÉCT : croire ; FEW II-2, 1298b : credere]

I. -

Empl. trans. dir. [Le compl. d'obj. désigne un fait futur] "Admettre comme très probable"

 

-

[En incise] Ce crois : Bien peu y aurez à menger Et y aurez ce croy à boire. (Myst. ste Barbe P., 1493, 52).

II. -

Empl. pronom. Se croire en + subst.

 

-

[Domaine de la certitude religieuse, de la foi] "Croire en"

 

.

[Le compl. désigne une divinité] : ADRIEN. Jour que vive, en nulle saison Les ydoles n'adoreray Ne en voz dieux ne me croiray (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 96).

 

.

[Le compl. désigne un dogme, un article de foi] : Je m'y croy tout, ne plus ne mains, En ce sacrement de noblesse Que la vierge, nostre maistresse, L'enfenta virginallement. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 653).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/12 
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     CROIRE     
FEW II-2 credere
CROIRE, verbe
[AND : creire ; DÉCT : croire ]

"Croire"

A. -

Empl. trans. dir.

 

1.

[L'obj. désigne une chose] Faire à croire. "Mériter d'être cru, être digne de foi" : Regardez se ce fait a croire. (Mir. enf. diable, c.1339, 48).

 

2.

[L'obj. désigne une pers.] : Mais, certes, se me creussiez, Conme moy crestien fussiez (Mir. Clov., c.1381, 260).

 

-

En partic. RELIG. "Croire (en une divinité)" : Par foy, ce seroit mal et deulz Que j'aoure telz diex ne croye Qui ne sont que fust ou que croye (Mir. st Panth., 1364, 364).

B. -

Empl. trans. indir. RELIG. "Croire (en Dieu)" : Jhesu Crist c'est celi Qui est vrais Diex, et pour c'en li Creans vueil estre. (Mir. st Panth., 1364, 320). Ne doubte pas (...) que ta veue ne reusses Pour tant qu'en Jhesu Crist creusses (Mir. st Lor., 1380, 169).

C. -

Part. prés. en empl. subst. : ...ou Fait des appostres est il dit de la multitude des creans : C'estoit un cuer et une ame. (Mir. st Val., c.1367, 122).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 7/12 
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     CROIRE     
FEW II-2 credere
CROIRE, verbe
[AND : creire ; DÉCT : croire ]

I. -

Croire qqc. "Reconnaître qqc. comme vrai" : Encores veul et vous commande que totalement vous creez les XIJ articles de la foy (LA SALE, J.S., 1456, 37).

II. -

Croire qqn. "Se fier à qqn ; faire ce qu'il suggère"

 

-

Au fig. p. métaph. : ...aussi ne croy point ta char, afin que par pechié tu ne blesses Jhesucrist. (LA SALE, J.S., 1456, 27).

III. -

Croire en qqn. "Faire totalement confiance à qqn" : Croire en son vray filz et homme Jhesucrist, nostre vray sauveur. (LA SALE, J.S., 1456, 38).

IV. -

Croire que. "Être persuadé que" : Dont il creoit fermement que il y fust retourné, aux grans biens et plaisirs qu'il en disoit (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 124).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 8/12 
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     CROIRE     
FEW II-2 credere
CROIRE, verbe
[AND : creire ; DÉCT : croire ]

Cas remarquables seulement

A1 humain croit A2 humain/divin (de A3) : "Sire, soiiés tous certains que Dieus voelt que nous alons en Normendie. Si vous pri que vous creés Dieu et le vent, et vous verés proçainnement que vostres besongnes en vaudroit mieuls." (FROISS., Chron. D., p.1400, 675). "Biau signeur et mi compagnon, metés aultre arroi et ordenance en vous, et me creés de ce que je vous dirai, et grans biens vous en venra" (FROISS., Chron. D., p.1400, 815). ...se li contes euist creu son oncle, la besongne fust aultrement tournee que elle ne fist, et pour ce que point ne le crei, il l'en mescei (FROISS., Chron. D., p.1400, 643).

A2 est cru. "A de l'influence, on se fie à lui"

D'une façon circonstancielle : "Dont, se j'estoie creus, dist li evesques de Norduich, la première chevauchie que nous ferions, che seroit en Flandres." - "Vous en serés bien creus, ce respondirent messires Thumas Trivès et messires Guillaumes Helmen ; ordonnons nous sur che." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 92). "Sus tout che voiage je ne peus onque estre creus de cose que je desisse." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 132).

D'une façon habituelle : Li dis seneschaus estoit tant crus et tant amés dou dit duc et de madame la duçoise, que il brisa tous les pourpos des Englès (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 127). ...monsigneur Bertran de Claiekin (...) estoit là uns grans chiés et moult creus et alosés des barons de Bretagne (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 154).

A1 humain croit à/en A2 humain. "Croit à sa légitimité" : Chils Urbains, ouquel li Englois et pluiseurs autres nacions creoient, s'avisa, lui estant à Jenneves, pour nuire le roi de France en quanqu'il poroit, que il envoieroit en Engletère au secours. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 86). Che que li rois de France creï en Clement, couloura grandement son fait (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 146).

A1 humain croit que + subj. : "Ho ! je vois une nef venant, et crei que elle soit d'Espagne." (FROISS., Chron. D., p.1400, 883).

A1 humain croit A2 abstr. : ...chils rois d'Engleterre (...) crei trop legierement mauvais consel. (FROISS., Chron. D., p.1400, 47).

Un conseil : Li contes de Namur crei ce conseil ; si se parti de Paris sans prendre congiet au roy. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 130).

N'en croyez rien : "Sire, n'en creés riens, car monsigneur de Braibant, quel samblant que il monstre ne face a son cousin le roi d'Engleterre, ne vous fera ja guerre pour lui." (FROISS., Chron. D., p.1400, 297).

Je crois oui : "Et aussi se il besongne argent à vos compagnons, je crois bien oïl, tantost le moustre faite, je vous en presterai." (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 77).

A1 humain croit A3, argent, à A2 humain : "Le roy de Navarre raplega le seigneur de Labreth, que le conte de Foeis tenoit en prison, de cinquante mille frans. Le conte de Foeis, qui sentoit ce roy de Navarre cauteleux ne les voloit pas croire au roy de Navarre." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 79).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 9/12 
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     CROIRE     
FEW II-2 credere
CROIRE, verbe
[AND : creire ; DÉCT : croire ]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Avoir foi, avoir confiance"

 

-

Croire qqn : ...l'ermite fut creu comme le plus sage. (C.N.N., c.1456-1467, 102). ...je le vous dy, et m'en creez une foiz pour toutes. (C.N.N., c.1456-1467, 294). ...il les creut comme fol. (C.N.N., c.1456-1467, 405).

 

-

Croire qqc. : ...quelque chose que l'on m'ait dit, je ne l'ay pas creu legerement, mais l'ay voulue esprouver et qu'il soit vray (C.N.N., c.1456-1467, 323).

 

-

Croire que

 

.

[Avec affirmation du fait de "croire"] Croire que + ind. : ...il croioit que miraculeusement il retrouva son dit asne (C.N.N., c.1456-1467, 17).

 

.

[Avec nég. du fait de "croire"] Croire que + subj. : ...je ne croiray ja que femmes soient si loyalles que pour tenir telz termes (C.N.N., c.1456-1467, 176).

 

-

Estre cru de + inf. "Emporter l'adhésion (d'autrui) pour faire qqc." : Il ne fut pas le maistre lors, ne creu de faire son vouloir (C.N.N., c.1456-1467, 26).

B. -

"Affirmer une certitude, penser, savoir" : ...si vous venez de voz tres inhonestes lieux et infames, est il dit pourtant que vous devez oser penser ne en quelque fasson croire que vostre preude femme les daignast regarder ? (C.N.N., c.1456-1467, 30). Il fait assez a croire et penser qu'elle ne souffrit pas la volunté de l'Escossois pour plaisir qu'elle y prensist (C.N.N., c.1456-1467, 53).

 

1.

Fréq. à l'impér. [Pour donner ou confirmer une indication jugée importante]

 

a)

[Dans un dialogue, entre personnages] : ...vous avez tort de prendre vostre ymaginacion sur luy. Et croiez que je suis seure qu'il n'y pense pas. (C.N.N., c.1456-1467, 232). On vous a baillé, mon filz, la femme d'un tel, et creez qu'il a la vostre (C.N.N., c.1456-1467, 341).

 

b)

[Dans le tissu narratif, de l'auteur au lecteur] : "Vous dictes bien, dit il. Or dormons." Mais creez qu'il n'en avoit garde, et si luy tardoit beaucop qu'il fust jour (C.N.N., c.1456-1467, 219). Il eust voluntiers dit qu'il estoit coux. Et creez que si estoit il a ceste heure (C.N.N., c.1456-1467, 260).

 

2.

En incise. "À mon avis"

 

a)

[Dans le dialogue] : Et creez, dit elle, avant qu'il soit venu si avant, ce n'a pas esté sans passer la wart au pourchaz des rapporteurs [Une jeune fille annonce à son ami que ses parents sont informés de leur relation] (C.N.N., c.1456-1467, 166). C'est merveille que vous n'en estes ung peu touché [de la tristesse du locuteur] ; et creez, si c'estoit maladie contagieuse, vous ne seriez pas seurement si près sans avoir des esclabotures. (C.N.N., c.1456-1467, 176).

 

b)

[Dans le tissu narratif] : ...n'estoit pas, creez, son engin oiseux, mais labouroit a toute force pour fournir la promesse a son serviteur (C.N.N., c.1456-1467, 183). ...se partit et s'en vint rendre, ce croy je, a l'ostel de son amy (C.N.N., c.1456-1467, 420).

C. -

[Sens passif] "Être cru" : ...ilz ne tenoient compte d'elles, combien qu'il n'en fust rien, et est assez legier a croire (C.N.N., c.1456-1467, 364). ...il estoit traveillé de la nuyt, et fait a croire que aussi estoit sa femme. (C.N.N., c.1456-1467, 391). ...il a esté et est cogneu de pluseurs notables gens, dignes de foy et de croire (C.N.N., c.1456-1467, 431).

II. -

Empl. abs. "Être capable de certitude" : On ne doit pas trop legierement croire ma bonne mere ; le dyable, aucunesfoiz envieux d'aultruy, bien treuve tant de cautelles [Conseil d'un ermite à une femme] (C.N.N., c.1456-1467, 100). ...je suis si ahurté et enclin a croire et m'arrester en mon opinion, que impossible m'est d'estre jamais plaisamment avecques vous. (C.N.N., c.1456-1467, 444).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 10/12 
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     CROIRE     
FEW II-2 credere
CROIRE, verbe
[T-L : croire ; GD : croire ; GDC : creire ; AND : creire ; DÉCT : croire ; FEW II-2, 1298b : credere ; TLF V, 521a : croire]

I. -

Empl. trans. "Accorder du crédit à qqc., se fier à" : Lequel conseil il creust (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 70). Lequel Breton ne se fist desdites parolles que rire, disant qu'il ne les creoit pas. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 531).

 

-

Croire que + ind. "Être persuadé, tenir pour vrai que" : ...iceulx Brun, et Raoulet, et Quatredois, lesquelz elle pensoit bien et creoit, et encore croit et tient qu'ilz estoient et sont larrons, et que les biens qu'ilz prenoyent et lui vendoient, ilz avoient mal prins (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 163).

 

-

Croire que + condit. "Penser, estimer, être d'avis que" : ...[il] s'en ala droit à Paris ; et que quant il fu à Rovroy, prez du Bourgeel, pour ce qu'il vit qu'il estoit tart, et qu'il creoit qu'il ne feroit riens à Paris, s'en retourna pour venir en son hostel à Aunoy (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 221).

II. -

Empl. intrans. Croire en qqc. : ...et aussi du temps, jour et heure qu'ilz arriverent, au rettour, en la ville de Paris, elle s'en vieult raporter et croire en ce que ledit Ancel en dira et deposera. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 350).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 11/12 
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     CROIRE     
FEW II-2 credere
CROIRE, verbe
[AND : creire ; DÉCT : croire ]

I. -

"Admettre comme véritable, considérer comme véridique" : Si requeroit que la Court l'eust pour excusé et ne creust point telx paroles (BAYE, I, 1400-1410, 187).

 

-

[Suivi d'une complét. introd. par que] : ...et ne croioit pas la Court, ne ne croit que ledit conte eust volu faire ne perpetrer si mauvais et si dampnable cas (BAYE, I, 1400-1410, 284).

II. -

"Faire crédit à qqn" : ...et quant il vouloit dire que argent luy faloit, on le creoit (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1352-1356, 130).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 12/12 
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     CROIRE     
FEW II-2 credere
CROIRE, verbe
[T-L : croire ; GD : croire ; AND : creire ; DÉCT : croire ; FEW II-2, 1298b : credere]

"Croire"

A. -

Croire qqc./croire que

 

1.

Croire qqc. : ...ce seroit contre raison que nulz homs peust avoir bien ne honneur pour faire mortelle trahison. Par moy, dist ly contes, Remondin, croy qu'il est tout vray, tout aussi vray comme je le t'ay dit. Par foy, dist ly enfes, ce ne croiray je ja, car ce n'est mie chose qui face a croire. (ARRAS, c.1392-1393, 21). Et saiches que je scay bien que tu cuides que ce soit fantosme ou euvre dyabolique de mon fait et de mes paroles, mais je te certiffie que je suiz de par Dieu et croy en tout quanque vraye catholique doit croire. (ARRAS, c.1392-1393, 25). Et ne creez ja conseil de garcon, ne ne trayez ja trop privé de vous homme que vous n'aiez bien essayé ses meurs et ses condicions. (ARRAS, c.1392-1393, 85). Tant que a la guerre, creez le conseil des vaillans hommes qui ont hanté le mestier d'armes honnourablement. (ARRAS, c.1392-1393, 87). Tout aussi que de une personne qui oncques n'aura yssu de sa region ne de son pays, ne pourroit croire maintes choses qui sont a moins de C. lieues prez de lui, et lui sera grant estrangetté, et dira qu'il ne se pourroit faire (ARRAS, c.1392-1393, 311).

 

-

Croire qqc. à envis. "Croire difficilement" : Comment ce se puet faire ne puet savoir humaine creature, car ces poins et autres a Dieu retenu en son secret, et en monstre les exemples es lieux et aux personnes ou il lui plaist. Et que plus sera la personne grossiere, et plus a enviz le croira ; et plus sera deliee de engin et de science naturelle, et plus tost y aura affection que ce soit chose faisable, combien que les choses secretes de Dieu ne puet nulz savoir au cler. (ARRAS, c.1392-1393, 311).

 

-

Croire qqc. estre + adj. : ...onques homme, se Adam non, n'ot parfaicte congnoissance des euvres invisibles de Dieu, pour quoy il ne puist de jour en jour prouffiter en science et oïr ou veoir chose qu'il ne puist croire estre veritables, lesquelles le sont. (ARRAS, c.1392-1393, 3).

 

-

Croire qqc. par l'ouïr dire/ croire qqc. sans le voir : Et voit on que, quant uns homs n'aura oncques yssu de sa contree, qu'il a des choses veritables assez prez de sa contree et region, que jamais ne vouldroit croire par l'ouïr dire, s'il ne le voit. Et quant de moy, qui n'ay pas esté gueres loing, j'ay veu des choses que pluseurs ne pourroient croire sans le veoir. (ARRAS, c.1392-1393, 4).

 

-

Fort/ leger à croire. "Difficile/ facile à croire" : Et ainsi sont les choses repostes en pluseurs lieux sceues, et non pas en un tout seul. Et ainsi est il de nostre histoire. Elle est forte a croire, en pluseurs lieux, de ceulx qui ont gros engin, et a ceulx qui l'ont delié, legiere. (ARRAS, c.1392-1393, 311).

 

-

[En incise] Je crois. "À mon avis" : LX. Sarrasins, qui moult fort assaillirent Gieffroy, qui lors se deffendi moult vaillaument et fist grant occision de noz gens. Et, d'autre part, il fut moult fort navrez en pluseurs lieux, ne sa deffense, je croy, ne lui eust eu mestier, mais deables y admenerent bien IJc. crestiens, qui toutes noz gens mirent a destruction. (ARRAS, c.1392-1393, 234).

 

2.

Croire que : Et dit le dit Gervaise qu'il creoit que ce soit par aucuns meffaiz secrez au monde et desplaisans a Dieu pourquoy il les punist si secretement en ces miseres que nulz n'en a congnoissance fors lui. (ARRAS, c.1392-1393, 4). Par foy, dist le conte, ce nom lui affiert tres bien pour deux cas, car vous estes nommee Melusigne d'Albanie, et Albanie en gregois vault autant a dire comme chose qui ne fault, et Melusigne vault autant a dire comme merveilles ou merveilleuse. Et aussi ceste place est fondee merveilleusement, ne je ne croy mie que jamais, tant comme elle durra, que on n'y treuve de merveilleuses choses. (ARRAS, c.1392-1393, 47).

B. -

Croire qqn/ croire en qqn

 

1.

Croire qqn : Ne creez ja homme qui soit avaricieux, ne ne mettez en office, car il vous pourroit plus faire de deshonneur en une heure que il ne vous pourroit faire de prouffit en son vivant. (ARRAS, c.1392-1393, 85). Beau frere, la commune renommee du peuple court partout que vostre femme vous fait deshonneur et que tous les samedis elle est en fait de fornicacion avec un autre. Ne vous n'estes si hardiz, tant estes vous aveugliez d'elle, d'enquerre ne de savoir ou elle va. Et les autres dient et maintiennent que c'est un esperit fae, qui le samedy fait sa penance. Or ne scay lequel croire, mais pour ce que vous estes mon frere, je ne vous doy pas celer ne souffrir vostre deshonneur, et pour ce suiz je cy venus pour le vous dire. (ARRAS, c.1392-1393, 241).

 

-

Croire qqn du tout en tout : Ma chiere seur, faictes le mieulx que vous pourrez, car, je me fie en vous et vous croiroy du tout en tout. (ARRAS, c.1392-1393, 206).

 

-

Croire qqn legerement. "Le croire à la légère" : Ne retenez ja rapporteur de paroles devers vous, ne ne le creez legierement, car ce fait aucunes foiz grant ennuy. (ARRAS, c.1392-1393, 153).

 

-

Croire qqn assez de ce qu'il dit. "Lui faire confiance à propos de ce qu'il dit" : Vous en yrez devers vostre oncle Alain de Quemeninguigamp et vous ferez congnoistre de lui, et il vous croira assez de ce que vous lui direz. (ARRAS, c.1392-1393, 50).

 

-

En partic. Croire qqn. "L'écouter" : Et ne vous partez point de Montfrin jusques a tant que vous orrez nouvelles de moy, car, avec l'aide de Dieu, je pense que je vous pourchasseray bon traictié a Gieffroy. Et vous savez que, se vous m'eussiez creue, vous ne vous feussiez ja embesoingniez d'avoir fait ce que Glaude et ses freres vous ont enhorté, combien que encores n'avez vous fait chose de quoy vous ayez enfraint vostre foy envers vostre seigneur droitturier Remond de Lusegnen. (ARRAS, c.1392-1393, 206).

 

-

Ne me croyez jamais si. "Ne me croyez jamais plus si, je parie que" : Lors s'en repairent ensemble a Poictiers, et vont compter au conte et a sa mere ceste merveilleuse adventure. Lors dist la dame : Ne me creez jamais se Remondin n'a trouvé quelque aventure en la forest de Coulombiers, car elle est forment adventureuse. Par foy, dist ly contes, ma dame, je croy que vous dictes verité, car j'ay ouy dire que a la fontaine de dessoubz icellui rochier, a l'en veu advenir de maintes merveilleuses adventures. (ARRAS, c.1392-1393, 34).

 

-

[P. méton. du compl.] Croire son coeur. V. coeur

 

2.

Croire en qqn : Enfans, encore vous deffens je que vous ne creez ne aiez fiance en jangleur ne en flateur, ne en homme qui de autrui mesdit en derriere. (ARRAS, c.1392-1393, 86).

 

-

Croire en Dieu : Par foy, c'est grant dommage que ce Turc ne croit en Dieu, car il est moult preux. (ARRAS, c.1392-1393, 112).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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